L'AUTISME
L’autisme est sujet vaste, un nom qui amène à se poser de nombreuses questions, une maladie pas si connue qu’on pourrait le croire, un sujet intéressant mais encore peu connu du grand public. De nombreuses émissions de télévision se sont penchées sur ce sujet, entremêlant témoignages et diverses explications scientifiques. Cependant, ces émissions ne permettent pas forcément de bien comprendre ce que l’on souhaite comprendre durant leur vision, dans la mesure où elles défilent sans interruption. Nous pouvons alors nous renseigner dans de nombreuses revues scientifiques ou médicales, mais nous sommes là encore confrontés à un problème, les termes utilisés qui sont parfois incompréhensibles, ou des questions qui ne répondent pas forcément à nos questions. C’est pourquoi nous proposons à travers ce mémoire un descriptif de l’autisme, certaines causes qui en sont à l’origine, et enfin certains traitements proposés aux personnes atteintes et à leurs familles. Si vous vous intéressez à l’autisme en général, il serait de votre intérêt de lire ce mémoire jusqu’à la fin, en espérant qu’il vous soit bénéfique et captivant.
Quelques mots-clés :
L’autisme
Triade de symptômes
Communication verbale / non-verbale
Empathie / Emotions
Relations interpersonnelles
Stéréotypies
La génétique
Complications prénatales
Morphologie du cervelet
Thérapies
INTRODUCTION
Qu’est ce que l’autisme ?
L’autisme est le plus connu des Troubles Envahissants du Développement (TED). Ces troubles sont à priori d’origine bio-chimiques agrégé à un problème génétique et se manifeste au cours des trois premières années de la vie. Les messages que les sens transmettent au cerveau sont mal interprétés ou reçus. Il en résulte une estimation confuse de la vie et de l’environnement. De ce fait l’autisme se traduit pas un détachement de la réalité, un isolement extrême, une absence de communication avec les autres personnes. Le taux d’incidence des TED est de 22 personnes sur 10 000, et il se trouve quatre fois plus élevé chez les garçons que chez les filles. Les TED et l’autisme se retrouvent dans tous les pays et tous les milieux sociaux. Cette anomalie est rarement décelée avant l’age de trois ans mais peut y être. Pour la plupart du temps l’autisme se manifeste par une absence ou quasi absence de langage et par des cris. Les enfants autistes semblent indifférents à leur environnement et se comportent apparemment comme des personnes non intelligentes, tout en apportant souvent la preuve du contraire. Nous allons donc voir dans une première partie la description du syndrome puis dans une deuxième vous expliquer l’étiologie pour ensuite finir par les traitements.
I. DESCRIPTIF DU SYNDRÔME
Généralement constitué vers l’âge de 2-3 ans, l’autisme se manifeste par une triade de symptômes associant des troubles de la socialisation, de la communication et du comportement. Le développement de ces enfants peut en outre être retardé de façon variable et hétérogène.
1) Communication, langage et émotions
Dans la plupart des cas, l’autisme se manifeste par une absence ou quasi-absence de langage aussi bien verbal que non verbal et par des cris. L’enfant a des difficultés à communiquer à l’aide des gestes et des mimiques. Son visage n’exprime pas couramment d’émotions ; par exemple il ne désigne pas de doigt, n’a pas de mouvements de joie, de surprise ou de peur. Les expressions faciales sont pauvres. Parfois le langage existe, mais le ton, le rythme et le débit se trouvent particulier. L’enfant ne peut pas avoir une conversation avec les autres. Lorsqu’il y a développement du langage, il est retardée et se caractérise par de nombreuses particularités : - l’écholalie : qui est la répétition en écho, immédiate ou différée, par mémorisation excessive d’une information qui aurait dû être oubliée (ex : publicités de télévision). - l’inversion des pronoms : utilisation de « tu » à la place de « je ». - l’incapacité d’utiliser des termes abstraits. - Les mots sont détournés de leur sens habituel. Quel que soit le niveau de langage, le sujet semble incapable d’entrer dans un échange de type dialogue. L’enfant a peu d’émotions ou bien les expriment de manière inadéquate. La plus part du temps, il ne semble ni gai, ni triste, ni effrayé, ni étonnée, ni fâché. Par conte l’enfant peut pleurer ou rire dans des lieux ou à des moments inattendus, sans raison, sans qu’il soit possible de le calmer. Lorsque l’on lui prend ou lui interdit quelque chose il peut avoir des réactions d’agressivité, d’angoisse et de colère vive (avec enfants et/ou adultes). Il peut aussi être agressif envers lui-même (se frapper, se mordre …).
2) Anomalies des relations avec les personnes et les objets
Le retrait autistique traduit une inaptitude à développer des relations interpersonnelles, un manque de réactivité aux autres, ou d’intérêt pour eux. L’enfant autiste fonde rarement le contact, semblant même le refuser, l’éviter : il ne regarde pas en face, mais jette des regards brefs périphériques, ou le regard est dit « transparent », vide. Le contact oculaire pour communiquer un intérêt ou attirer l’attention n’est pas utilisé. L’enfant peut même être agacé lorsqu’il est sollicité. Il ne conçoit pas les signaux émis par les autres, ne sait pas quoi et comment faire dans le domaine social, ne différencie pas les personnes. L’enfant souffre « d’empathie », il est incapable d’exprimer des émotions normales et de comprendre celles des autres. Il ne cherche pas le réconfort auprès d’autrui et n’en apporte pas non plus. Ainsi, il ne se précipite pas vers ses parents avec un mouvement de joie lorsqu’il les retrouve après une absence. IL utilise les autres de façon mécanique. Avec autrui le partage des activités ou intérêts est limité, l’enfant n’initie pas de gestes interactifs, n’imite pas ceux de l’adulte, l’instrumentalise en le considérant « pour une partie de lui-même ». Les comportements sont caractéristiques notamment par leur aspect bizarre ou stéréotypé. Les intérêts de l’enfant sont restreints, l’activité est pauvre, répétitive. Il utilise les objets de façon détournée : par exemple il fait tourner longuement les roues de la petit voiture prés de son oreille au lieu de la faire rouler sur le sol, s’attache à des objets inhabituels (un bouton, des cailloux …), aligne inlassablement des jouets. Il n’a pas ou peu de jeux imaginatifs ou symboliques, ne sait pas « faire semblant », comme avec la poupée. Des réactions d’angoisses, des colères vives, d’agressivité surviennent lorsque des détails de l’environnement sont modifiés (changement de vêtements, de jouets, de lieux, de nourritures, de trajets, ect…). Il peut être sensible à certains changements, indifférents à d’autres.
3) Sensori-motricité et fonctions intellectuelles
Ce n’est que plus récemment qu’une grande réflexion a été portée aux troubles de la modulation sensorielle et de la motricité, auxquels seraient liés des stéréotypies ; elles apparaissent chez environ 70 % des enfants et semblent corrélées fortement aux troubles des interactions sociales. Les modalités sensorielles peuvent être affectées sous la forme soit d’une hypo ou d’une hyper-réactivité aux stimuli sensoriels : bruits de bouche, de langue, grincements de dents, préoccupation à faire tourner les objets, battements de mains, balancements du corps. L’activité motrice spontanée peut être diminuée (bouge peu) ou augmentée (remue beaucoup). Des attitudes posturales inhabituelles peuvent être constatées comme une démarche bizarre par exemple. L’indifférence au monde sonore (enfant insensible aux bruits extérieurs, ne répond pas à son prénom) contraste avec des réactions paradoxales ou sélectives aux sons : bruits de l’aspirateur, sursaut à un froissement de papier ou à un chuchotement. Ces troubles perceptifs sont retrouvés aussi dans le domaine visuel et gustatif. Si Kanner décrivait car enfants comme intelligents, la conception actuelle de l’autisme en tant que syndrome présent dans des affections nombreuses amène à constater que les performances cognitives sont très variables. Tous les enfants autistiques étant testables par de moyennes appropriées, il a pu être montré que la majorité d’entre eux présentait un quotient intellectuel non verbal inférieur à 70 et global inférieur à 55. Il existe des fonctionnements cognitifs de bas et de haut niveau, avec différents intermédiaires. Le développement est hétérogène et atypique (comporte des bizarreries). En général les performances qui dépendent des capacités visuo-spatiales et/ou de la mémoire sont d’un niveau plus élevé que celles requérant la réflexion, en particulier dans un contexte social. L’un des aspects paradoxaux le plus remarquable est le décalage entre différents domaines chez un même enfant, par exemple entre la motricité souvent bien développée et le langage qui ne l’est pas.
II. ETIOLOGIE DE L’AUTISME
L'autisme a longtemps été attribué à une origine psychique. Cependant, l'importance des facteurs biologiques a rapidement été mise en évidence en fonction de certains éléments. L'électroencéphalogramme de sujets autistiques a souvent révélé des anomalies et, plus récemment, on a trouvé des altérations structurales dans des régions variées du cerveau. Une influence génétique a aussi été remarquée, entre autres en raison du haut taux de concordance chez les jumeaux identiques. À partir de ces faits, on admet généralement que l'autisme a une base biologique, mais ses mécanismes sous-jacents sont presque tous inconnus À ce jour, diverses causes ont été proposées, comme une incidence génétique, des affections médicales variées, des agressions au début de la grossesse ou encore des mécanismes auto-immunitaires. Des travaux importants ont cours également pour essayer d'élucider les liens entre la neurobiologie et l'autisme. Dans cet article récapitulatif, nous allons discuter des progrès récents dans la compréhension de la génétique et de la neurobiologie de l'autisme chez l'enfant.
1) Facteurs génétiques
Selon des études épidémiologiques, le risque d'autisme dans la fratrie d'un enfant autiste est d'environ 3 %, soit à peu près 50 fois plus que dans la population générale. Ce risque est même beaucoup plus élevé chez les jumeaux identiques (ou monozygotes) que chez les jumeaux dizygotes de même sexe. En 1977, une étude a montré qu'il y avait concordance de diagnostic d'autisme chez 36 % des cas de vrais jumeaux, et aucune dans le cas de faux jumeaux. Cependant, quand les données furent réévaluées en fonction d'une nouvelle gamme de critères, la concordance augmenta à 82 % chez les jumeaux monozygotes et à 10 % pour les dizygotes. Ces résultats furent confirmés récemment par Bailey et ses collaborateurs. Leurs travaux suggèrent par ailleurs que des symptômes légers seraient plus fréquents chez les parents immédiats de personnes autistes que chez les parents de sujets atteints d'un retard mental dû au syndrome de Down, mais non autistes. Une proportion significative de parents d'autistes montrerait une certaine atteinte de la fonction d'exécution; la prévalence de plusieurs caractéristiques de la personnalité, d'anomalies du langage et de désordres psychiatriques au sein des familles d'autistes a aussi été rapportée. Il a été proposé que cet éventail de symptômes puisse manifester une certaine prédisposition génétique. Ainsi, l'ensemble des études conduites auprès des familles et des jumeaux converge vers une origine génétique à la base d'un vaste "spectre autistique". Parmi la variété de mécanismes proposés pour expliquer l'émergence de l'autisme figure l'association avec un syndrome clinique. Une revue récente a d'ailleurs rapporté que l'autisme relié à une affection médicale représentait en moyenne 24.4 % des cas. De tels désordres incluent les anomalies génétiques (principalement le syndrome de l'X fragile), la sclérose tubéreuse et le syndrome de Rett, aussi bien que les autres formes d'anomalies telles que les maladies infectieuses (rubéole congénitale, encéphalopathie aiguë...). Bien que la fréquence de ces maladies dans la population autistique soit beaucoup plus grande que ne le voudrait la probabilité, aucun de ces désordres n'est toutefois associé à une forme d'autisme précise. Parmi les liens présumés, une association a été suggérée entre une inflammation intestinale chronique et une régression soudaine du développement chez des garçons. L'apparition de symptômes autistiques, coïncidant avec une vaccination où une infection, a aussi été rapportée par des parents, suggérant le rôle possible d'une réponse inflammatoire ou immunologique dans l'autisme. Il a de plus été proposé qu'une des causes sous-jacentes au handicap serait les anomalies cérébrales qui accompagnent certaines maladies : dans ce cas, la forme clinique et la sévérité des symptômes pourraient dépendre de la zone cérébrale atteinte. Certains auteurs ont rapporté que l'autisme présente parfois des caractéristiques d'une anticipation génétique - augmentation de la sévérité des symptômes et avancement de l'âge de leur apparition d'une génération à une autre; ceci indique que la transmission de l'autisme dans certains cas peut impliquer "un ADN instable". Se basant sur les données d'études sur des jumeaux, Bailey et Coll. proposèrent que l'hérédité de la susceptibilité génétique à l'autisme s'explique adéquatement par un mode à seuil multifactoriel, avec par ailleurs un seuil plus élevé dans le genre féminin. Ce type de mode laisse présager une fréquence plus grande de comportements autistiques chez les parents du sexe le moins atteint, et pourrait expliquer l'agrégation familiale dans certains cas, mais il reste fortement probable que l'autisme est génétiquement hétérogène. En outre, les facteurs environnementaux conjugués à la prédisposition génétique peuvent sans doute jouer un rôle déterminant dans le phénotype autistique.
2) Accidents pré, péri et néonataux dans l'étiologie
En matière d'étiologie de l'autisme, l'influence des variables environnementales précoces, telles que, par exemple, les complications durant la grossesse et l'accouchement, ont attiré l'attention des chercheurs. Cependant, la revue des complications pré, péri et néonatales n'a pas apporté la preuve d'un lien tangible et spécifique à l'autisme. Des associations ont néanmoins été établies; dans certains cas, il a ainsi été suggéré que les symptômes autistiques pouvaient être liés à des perturbations survenues durant le premier trimestre de la grossesse. Une association significative semble exister entre l'autisme et la rubéole survenant avant la maturation de la fonction immunitaire foetale. Au même titre, dans l'embryopathie associée à la thalidomide, la fréquence de l'autisme (4 % à 5 % des cas) est probablement reliée à l'atteinte du système nerveux central durant les premiers stades de la grossesse. De plus, chez les jumeaux discordants, le jumeau autiste est plus souvent atteint d'anomalies congénitales mineures (représentées par certains accidents congénitaux précoces) que le jumeau non autistique. Dans l'autisme, un lien significatif entre les perturbations possibles de la grossesse et l'âge de la mère n'a pas été confirmé par les études les plus récentes. Néanmoins, plusieurs facteurs environnementaux pourraient être impliqués dans les accidents liés à la grossesse : effets climatiques, différences nutritionnelles, infections maternelles, etc. En résumé, l'autisme semble résulter de l'interaction de facteurs environnementaux avec une prédisposition génétique - jusqu'à présent non identifiée- dont la conséquence est un large "syndrome autistique". L'étude des corrélations neurobiologiques avec l'autisme pourrait fournir d'importantes connaissances pour élucider les aspects étiologiques et thérapeutiques relatifs au handicap.
3) Études neuropathologiques et de neuro-imageries
Grâce aux nouvelles technologies scientifiques, les recherches sur la pathologie du cerveau des autistes connaissent un essor. À ce jour, les découvertes le plus communément acceptées semblent indiquer l'implication du tronc cérébral, du cervelet, du système limbique et du cortex d'association. L'étude de la taille et de la morphologie du cervelet chez les autistes ont conduit à des résultats intéressants, notamment dans la région du vermis cérébelleux. Notons toutefois que ces différences morphologiques ne sont pas exhaustives à la seule pathologie autistique ou à ses symptômes. À l'heure actuelle, aucun type de lésion spécifique n'a été identifié; les dernières recherches sur des sujets autistes ont cependant rapporté des différences dans la taille des neurones et dans la densité et les ramifications dendritiques au niveau du cervelet et des structures limbiques. Une réduction de la densité de certaines cellules a été observée dans le neo-cervelet. Ce type d'observation donne lieu de présumer l'existence d'une perturbation du développement embryonnaire se reflétant plus tard sur la maturation du cerveau. Une preuve concrète impliquant le cervelet dans les fonctions atteintes est les premiers symptômes observés dans l'autisme infantile. Des études variées semblent indiquer que le cervelet, et plus spécifiquement, le vermis cérébelleux, est impliqué dans les émotions, la motivation, l'interaction sociale, l'apprentissage, le traitement et la modulation des informations sensorielles et motrices. Une comparaison neuroanatomique de jumeaux monozygotes discordants a aussi montré le volume réduit de certaines zones du cerveau (telles que l'amygdale et l'hippocampe) associé à une certaine anomalie du vermis cérébelleux chez le jumeau le plus atteint. Les études de tomographie par émission de positrons (TEP) chez des sujets autistes ont par ailleurs souligné des déficits dans l'interaction coordonnée entre les systèmes corticaux et sous-corticaux impliqués dans l'attention dirigée. Le dysfonctionnement des processus de l'attention, importants dans l'acquisition des habiletés de communication sociale, peut expliquer les troubles dans la socialisation rencontrés dans l'autisme.
III. TRAITEMENTS
1) Vitamines
L’usage de certaines vitamines et mégavitamines, en particulier la vitamine B6 combinée au magnésium, est considéré comme étant l’un des traitements biologiques de choix pour les enfants et adultes autistiques. Une proportion significative de sujets autistes ou présentant des traits autistiques a grandement bénéficié de l'usage de vitamine B6 à haute dose, associée à d'autres vitamines et minéraux. La diméthylglycine (DMG), un nutriment parfaitement sûr, similaire aux vitamines, est souvent d'un grand secours pour les enfants et adultes autistiques.
2) La TEACCH
Créée aux Etats-Unis il y a plus de trente ans, reconnue officiellement comme programme d’Etat en 1972. Depuis, la Caroline du Nord offre un ensemble de services aux personnes autistes et à leur famille en proposant un suivi qui commence au moment du diagnostic et se poursuit jusqu’à l’âge adulte. L’éducation adaptée aux particularités des personnes autistes est considérée comme l’outil essentiel à la progression vers l’autonomie et au bien-être à toutes les étapes de la vie. Les parents sont particulièrement associés au travail réalisé puisqu’ils sont impliqués au quotidien dans la prise en charge de leur enfant.
Historique :
Lorsqu’ Eric SHOPLER (fondateur du programme TEACCH) est arrivé à la tête de ce programme en 1964, les enfants autistes et leur famille étaient pris en charge en thérapie de groupe psychanalytique. L’autisme était alors considéré comme une réaction de retrait social face à des parents pathogènes. Les groupes avaient pour objectif de permettre une expression libre des sentiments qui étaient sensée entraîner une amélioration. Les séances réalisées ne semblaient pas les aider et l’allure des troubles amenèrent SHOPLER à penser que contrairement à ce qui était admis, les difficultés sociales des enfants autistes étaient liées à des déficits organiques. En 1966, il développe un projet de recherche très ambitieux qui envisageait à la fois des problèmes de diagnostic, d’évaluation et de traitement. C’est au cours de ce travail que furent élaborés les premiers outils de diagnostic et d’évaluation et que fut définie et expérimentée l’approche structurée mise en œuvre dans des programmes individualisés menés en collaboration avec la famille. Les premiers centres régionaux furent créés. L’objectif visé était d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées au sein de l’environnement familial et scolaire, et de favoriser leur intégration dans la communauté sociale. Onze classes intégrées en milieu ordinaire furent ouvertes dans un premier temps ; elles accueillaient quatre à six élèves encadrés par un instituteur spécialisé et un assistant. Au départ, l’ouverture de ces classes fut contestée parce que leur principe allait à l’encontre des mesures d’intégration individuelle qui était préconisée jusqu’alors. Mais le bilan de quelques années montra bien l’utilité de telles classes qui permettaient de travailler de manière très individualisée avec chaque enfant tout en préservant les possibilités d’intégration en milieu ordinaire. Le nombre des classes spécialisées affiliées au programme TEACCH pour tout l’Etat atteint alors plus de 200 ; des services pour adultes ont aussi été mis en place progressivement. Ils comportent des structures résidentielles et différentes formes d’intégration sociale incluant des activités de loisir et de travail.
Principes :
La compréhension des sujets se fait à partir de l’observation et non par simple référence à une théorie. Les descriptions cliniques précises et les outils d’évaluation qui ont été élaborés durant de nombreuses années de recherche permettent de saisir le fonctionnement d’un sujet et d’en tirer les enseignements indispensables pour la mise en place d’une aide efficace.
L’aide apportée aux personnes autistes demande une adaptation. Si l’on doit aider l’enfant à mieux s’adapter à son environnement en améliorant ses capacités de communication, de socialisation et son autonomie, l’entourage a aussi à s’adapter aux difficultés du sujet afin de faciliter et de guider les efforts qui lui sont demandés. Les besoins spécifiques de chaque enfant doivent être pris en compte. Le processus d’adaptation réciproque vise l’insertion sociale des personnes autistes et permet de lutter contre l’institutionnalisation qui coupe l’individu de son environnement et qui engendre l’aggravation des troubles du comportement.
Le travail réalisé avec la personne autiste repose sur une collaboration entre parents et professionnel. Tous les environnements dans lesquels l’enfant est amené à évoluer doivent être aménagés pour faciliter la compréhension des situations et permettre la progression. Le rôle des parents est donc crucial car ils sont détenteurs d’une connaissance de l’enfant que nul autre qu’eux ne peut avoir.
Le travail éducatif est individualisé et repose sur un diagnostic et une évaluation précise du niveau de développement de l’enfant, de ses compétences et de ses particularités.
L’enseignement proposé aux personnes autistes est structuré.
L’approche est positive et vise la valorisation des potentialités mais avec l’acceptation des déficits. Les points forts et les capacités en émergence sont les premiers centres d’intérêt car ils permettent de renforcer plus facilement l’enfant mis en situation de réussite.
Le travail réalisé avec les autistes s’appuie sur une approche développementale, et s’inspire des théories comportementales et cognitives. La progression est donc planifiée en fonction de la maturité du sujet et de son degré de préparation pour aborder une nouvelle étape. La généralisation des compétences acquises n’est pas spontanée chez les autistes ; elle est partie intégrante du programme d’apprentissage.
L’approche du sujet est globale. L’autisme à des conséquences sur tous les aspects du développement de l’enfant, les perturbations sont donc multiples. Les rôles assumés par les différents professionnels ne sont pas déterminés à priori par la discipline dans laquelle ils ont été formés ; ils doivent avoir une connaissance globale de l’autisme et des différents problèmes qu’engendre cette pathologie. Ils ont à comprendre la personne aux différents niveaux de son fonctionnement et à ajuster leur pratique en fonction de ses besoins.
Les services proposés présentent une continuité et permettent le soutien des personnes pendant toute leur vie. Les effets du handicap provoqués par l’autisme persistent chez l’adulte même si les troubles peuvent évoluer et se modifier avec l’âge. La coordination des services est donc primordiale à chaque étape du développement, mais aussi d’un âge à l’autre pour assurer la continuité.
3) La Thérapie d’Echange et de Développement
La TED s’adresse à des enfants et vise à améliorer leur capacité à communiquer, échanger avec autrui, être attentif, imiter et à s’adapter à leur environnement. Il s’agit d’un soin individuel au cours duquel un thérapeute spécialisé sollicite et accompagne l’enfant dans différents jeux. Les activités proposées aux enfants sont définies après analyse des capacités et des difficultés mises en évidence par différents examens cliniques. L’hypothèse thérapeutique est que, en rééduquant les fonctions déficientes dès le plus jeune âge, telles que l’attention visuelle et auditive, et tout en tenant compte des intérêts et des besoins de l’enfant autiste, on lui permet de développer voire d’améliorer ses capacités d’échange et de communication avec autrui. On favorise ainsi son développement psychologique et son intégration sociale. Partant de ces idées de base, trois conditions indispensables vont structurer la thérapie : sérénité, disponibilité, sociabilité. La sérénité du thérapeute et la tranquillité de l’environnement : un soignant calme et détendu qui accueille l’enfant dans une salle où règne le silence et où toute source de distraction, de désordre et de précipitation sont exclues. La disponibilité du thérapeute et de l’enfant qui les oriente l’un vers l’autre mais aussi vers l’extérieur, ce qui facilite, au cours des jeux partagés, les acquisitions et les associations libres, sensorielles et motrices. Enfin, la sociabilité suscitée par les échanges et les imitations libres et réciproques des gestes, des mimiques et de la voix, le bien-être, l’amélioration des échanges font partie des progrès souhaités. De l’évaluation à la thérapie La première étape du projet est l’évaluation des troubles de l’enfant et de ses capacités durant une période d’observation d’environ quinze jours. Tous les aspects de la vie de l’enfant sont examinés aussi bien dans sa famille que dans le service hospitalier. L’évaluation réalisée par l’équipe en liaison avec la famille concerne plusieurs secteurs. L’analyse des troubles du comportement autistique est complétée par celle des déficiences cognitives et des troubles du langage. Les caractéristiques de la vie psychosociale de l’enfant sont également prises en compte. Les examens du cerveau tel que l’électroencéphalogramme et l’imagerie cérébrale permettent non seulement d’affiner le diagnostic mais aussi de mettre en évidence les anomalies du traitement de l’information perceptive et de la régulation cérébrale. Le projet thérapeutique est élaboré à partir de l’ensemble de ces données d’observation qui sont mises en commun au cours de la réunion dite de synthèse, regroupant tous ceux qui connaissent l’enfant. Ce projet et les stratégies de soin qui en découlent seront réajustés systématiquement en fonction de l’évolution de l’enfant.
Mise en place d’une TED :
La TED consiste en plusieurs séances par semaine d’environ 20 à 30 minutes. Les jeux proposés ont pour but d’enrichir les initiatives de contact et d’échange de l’enfant avec son thérapeute en exerçant les fonctions fragiles et défaillantes et en rééduquant les domaines déficitaires. Ces échanges suscités par le thérapeute sont intégrés dans des séances perceptives, motrices et sociales. Ces séquences, essentielles au développement des relations de l’enfant avec son entourage, sont encouragées pendant toute la séance par la seule présence et activité du thérapeute L’équipe thérapeutique Afin de maintenir une bonne régularité des séances, deux personnes effectuent la prise en charge en alternance : l’une est la personne de référence de l’enfant sur le petit groupe éducatif et donc le connaît parfaitement, l’autre est moins impliqué dans la vie quotidienne de l’enfant. Les séances Chaque séance est précédée de la préparation des jouets proposés qui sont posés dans une corbeille et disposés tout près de l’adulte mais inaccessibles à l’enfant. Ces jouets et quelques jeux choisis vont supporter l’exercice des fonctions déficientes. Au cours d’une séance, les activités sont proposées une à une. La durée de chaque activité est fonction de la capacité d’attention de l’enfant. Généralement, moments de détente et activités plus soutenues alternent. Ceci pour éviter les temps de rupture où l’enfant n’est plus disponible. Lorsque des gestes inadaptés surviennent ou des moments d’agitation, le thérapeute ne manifeste pas son désaccord, reste indifférent et poursuit la séquence d’échange en sollicitant l’enfant. Par son calme et sa patience, le thérapeute réussit à rétablir les gestes les mieux adaptés possible. A la fin de la séance, l’enfant est raccompagné sur son groupe de vie par le thérapeute dans le calme et la tranquillité.
Evaluation de l’efficacité de la TED :
Pour un enfant bénéficiant d’une TED, l’évaluation de l’évolution comportementale et des perturbations affectant les fonctions psychophysiologiques repose principalement sur l’analyse comportementale focalisée et la quantification des comportements autistiques à l’aide de l’échelle ECA. Les thérapeutes de l’enfant sont aussi les évaluateurs. Mais ils sont assistés d’une personne extérieure à la thérapie, qui connaît l’enfant et qui sert de modérateur et de conseiller technique. De plus, des stagiaires ou des soignants en formation à la TED peuvent participer à cette évaluation. Pour conclure, les objectifs de la TED sont à la fois psychothérapeutiques et éducatifs. Ils visent en effet à soulager l’enfant de sa souffrance mais aussi à l’entraîner dans ses domaines les plus déficients. Il s’agit d’une thérapie reposant sur une équipe pluridisciplinaire nécessitant de multiples collaborations et liaisons. La famille a une place indispensable dans les processus de soin et d’éducation. Des travaux de recherche sont en cours visant à étudier les progrès cognitifs et socio-émotionnels des enfants suivis, les domaines de développement et de comportement qui restent moins sensibles, et les facteurs d’évolution.
CONCLUSION
Comme nous l’avons vu l’autisme est un trouble du développement qui se manifeste au cours des trois premières années de la vie. Il en résulte des difficultés d’apprentissage, de communication et d’adaptation à la vie quotidienne. Quatre ou cinq personnes sur 10 000 sont atteintes d’un autisme pur et quinze sur 10 000 de troubles autistiques. Actuellement, on penche pour des causes neurologiques et organiques, cependant la recherche des causes de l’autisme est un domaine complexe. Dans 10 à 25% des cas, l’autisme est associé à des maladies génétiques connues (syndrome de l’x fragile, sclérose tubéreuse), mais dans la majorité des cas les mécanismes biologiques responsables de l’autisme sont à ce jour inconnus. Il a été prouvé, sans aucun doute possible, que l’autisme ne résulte pas des agissements ou de l’attitude des parents ; ce qui est important, car les parents n’ont pas de culpabilité à ressentir par rapport au handicap de leur enfant. Un diagnostic rapide est important, une détection précoce donnant l’accès à ce diagnostic. De plus, la prise en charge qui en résulte est un facteur positif quant à l’évolution de l’enfant. Nous savons que toute personnes autistes, quel que soit sont âge, peut évoluer favorablement à condition que l’encadrement dont elle dispose soit adapté à ses difficultés et à ses potentialités. Il est indispensable qu’elle bénéficie de programmes éducatifs individualisés, d’évaluations régulières par une personne spécialisée. Les jeunes enfants autistes peuvent être accueillis : - en hôpital de jour - dans un CAMPS (Centre d’Action Médico-Social Précoce) - ou dans un SESSAD (Service d’éducation Spéciale et de Soins) En théorie, seulement, car il n’existe finalement que très peu de lieux d’accueil pour les tout-petits : manque de places dans les établissements spécialisés, manque d’études et de statistiques pour les besoins, manque d’argent …
BIBLIOGRAPHIE
Ø http://www.autisme75.org/pg/autisme_definition.php
Ø http://autisme.france.free.fr/precose/htm
Ø http://www.objectifreussir.ch/fr/cadre_repertoire/social/Sante/Autisme/autisme.html
Ø http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/9899/mec004/caract.htm
« Association de Parents pour l’Épanouissement des personnes Autistes »
Ø http://www.infobebes.com/htm/sante/article.asp?id_rubrique=102&id_sous_rub=471
« Trouble divers : La vérité sur l’autisme